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20% d’économie d’énergie d’ici 2020, la France parviendra-t-elle à relever le défi ?

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L’Europe s’est engagée, à travers le Pacte Energie Climat, à baisser de 20 % la consommation énergétique primaire d’ici à 2020. Un objectif décliné en France à travers le Plan National Pour l’Efficacité Energétique (PNAEE), corroboré récemment par la mise en place des 27 mesures proposées par Nathalie Kosciusko-Morizet.

A gauche comme à droite, nos politiques ont bien conscience que tout ce qui est économisé n’est plus à produire ! Reste à définir comment y parvenir, et surtout quels chantiers cibler en priorité pour relever ce défi particulièrement audacieux.

Le secteur industriel, désireux de limiter ses coûts, s’est naturellement tourné vers l’optimisation des processus de production, engageant ainsi une dynamique d’économies d’énergie que le marché des quotas carbone est venu renforcer par la suite. Le secteur est ainsi parvenu à améliorer de 17 % l’efficacité énergétique de ses activités entre 1990 et 2008, selon un rapport Odyssée Mure, programme européen piloté par l’Ademe. De son côté, le tertiaire voit actuellement la gestion technique du bâtiment en plein essor : les outils sont connus et maîtrisés, reste à favoriser leur expansion. Ce sont maintenant les secteurs les plus énergivores, à savoir le résidentiel et le transport, où les efforts à fournir deviennent décisifs.

Un cadre réglementaire insuffisamment contraignant dans le bâtiment

Le secteur du bâtiment, qui représente 42 % de la consommation d’énergie finale en France, dont 2/3 au sein du seul secteur résidentiel est une priorité absolue : le PNAEE 2011 vise une économie de 25 Mtep à l’horizon 2020. Or d’après le rapport du CIRED, les outils existants ne permettront d’atteindre que 8,5 % d’économies dans le parc résidentiel existant, alors que l’objectif affiché, ô combien ambitieux, avoisine les 40 % !
Les mesures mises en place sont pourtant nombreuses :

  • soutiens financiers, comme l’Eco-prêt à Taux Zéro, le Crédit d’Impôt au Développement Durable, ou encore l’eco-prêt logement social,
  • dispositifs incitatifs, tels les CEE, labels HPE , exonération de charges fiscales, LDD, autorisation de dépassement des COS
  • outils d’informations, à l’instar du Diagnostic de Performance Energétique ou des labels d’information sur les appareils électroménagers.

Cependant, seule la RT 2012 présente au final un caractère coercitif, en limitant la consommation d’énergie primaire des bâtiments neufs à un maximum de 50 kWh/m²/an. Mais ces derniers ne représentent malheureusement 1 % du parc immobilier français! C’est donc au niveau du chantier de la rénovation qu’il faut désormais mettre en place une obligation réglementaire. A défaut, comment réussir à engager les 800 000 rénovations par an recommandées par le CIRED qui permettraient d’atteindre les objectifs fixés par le Grenelle ? Les propositions de certains candidats parmi les plus ambitieux chiffrent un objectif de 600 000 rénovations par an : la question du financement empêche d’aller beaucoup plus loin. Et d’un point de vue pratique, la mise en œuvre d’une réglementation est freinée par les difficultés à évaluer quels sont les chantiers de rénovation prioritaires. Un premier pas consisterait à mieux encadrer les organismes de délivrance de DPE, rendant les méthodes de certification davantage professionnelles. Harmonisé et mieux construit, le DPE pourrait alors servir de base à l’identification des bâtiments les plus énergivores, voire devenir un critère d’éligibilité à la revente.


L’accroissement de la facture énergétique et sa part dans le solde commercial en France
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Le secteur des transports, grand oublié

Le secteur des transports représente 30% de la consommation d’énergie finale en France et constitue le premier secteur émetteur de CO2 (26% des émissions nationales). Les économies d’énergie y sont d’autant plus cruciales que ce secteur est très dépendant des énergies fossiles, ressources en cours d’épuisement et qui pèsent fortement sur la balance commerciale. Pourtant les objectifs d’économies d’énergies prévus sur ce secteur ne s’élèvent dans le PNAEE 2011 qu’à 3 Mtep d’ici 2020, loin derrière les 25Mtep d’économies prévues dans le secteur du bâtiment.
Le principal gisement d’économies réside dans l’évolution des comportements : il s’agit tout d’abord de limiter les déplacements, à travers le développement du télétravail, des centres de vidéoconférence, de l’e-commerce, puis de favoriser l’émergence de nouvelles « mobilités urbaines », grâce à l’auto-partage, le covoiturage, le développement accru des transports en communs, ou encore les initiatives de certaines collectivités (ex : projets Velov’, Autolib). Ces changements de comportements reposent sur les progrès du numérique, qui, sous le concept d’Intelligent Transport System (ITS), permettront d’intégrer tous les modes de transports dans un réseau unique, et d’envisager bientôt l’apparition des véhicules communicants.
Les efforts doivent en second lieu viser à l’optimisation des véhicules automobiles, qui, par leur flexibilité, resteront le moyen de transport de prédilection. Les améliorations techniques du moteur à explosion permettent d’ores et déjà aux véhicules de consommer moins à performances égales. Les systèmes d’hybridation légère, « Start & Stop », se répandent. Grâce au bonus malus automobile, vif succès du Grenelle, le parc existant est renouvelé, débarrassé des « épaves roulantes ». Néanmoins, cette mesure ne dynamise pas le marché du véhicule hybride et électrique, dont l’utilisation est aujourd’hui principalement limitée aux flottes d’entreprises ou de collectivités. Quelques aides ponctuelles à l’intention des particuliers voient certes le jour, avec par exemple l’Ademe qui subventionne à hauteur de 5000€ l’acquisition d’un véhicule électrique. Mais pour véritablement séduire le public, les infrastructures requises à ces nouvelles utilisations doivent être érigées, et dans ce domaine, l’impulsion revient à l’Etat.

Quid du signal prix ?

Face à la multiplicité des chantiers à mener, le recours au signal prix, instrument direct, a de quoi tenter les autorités. À l’heure actuelle, la facture d’énergie domestique pèse encore peu dans les budgets des ménages pour inciter les français à prendre conscience de leur comportement vis-à-vis de l’usage de l’énergie. Néanmoins, si les foyers chauffés collectivement accordent peu d’attention au suivi de leurs consommations, les ménages ayant un chauffage individuel sont directement confrontés au prix de l’énergie et prennent peu à peu conscience que leur comportement se traduit instantanément sur leur facture, ce qui les incite à être plus attentifs. Mais l’usage du signal prix, nécessaire à l’accélération des économies d’énergies, s’accompagne mécaniquement d’une aggravation de la précarité énergétique. Les tarifs progressifs représentent la réponse a priori la mieux adaptée car ils sont supposés cibler les surplus de consommation sans avoir d’impact sur les usages normaux, où l’élasticité est faible. Il reste cependant difficile de définir et donc de cibler, via un prix, les niveaux consommations les plus superflus, rendant laborieuse l’application de tarifs progressifs.
Pour les transports, la grande dépendance à l’automobile se traduit par une faible élasticité de la consommation face à l’augmentation avérée du prix du pétrole, et proscrit de fait l’utilisation du signal prix à la pompe. Les ménages, sans solution alternative valable à la voiture, sont acculés à rogner sur d’autres postes de dépenses. La voie de l’économie d’énergie passe clairement par la généralisation de véhicules plus propres, hybrides ou électriques.

Vers davantage de sobriété

A compter du 1er juillet 2012, les enseignes lumineuses devront être éteintes entre1h et 6h du matin. Les économies d’énergies seront minces -700GWh – mais la mesure se veut avant tout symbolique : la France est en route vers la sobriété énergétique. De nombreux progrès restent à faire et il appartient au futur candidat d’engager les bonnes mesures pour les stimuler : critères plus stricts sur les performances énergétiques, obligations sur le nombre de rénovations, investissements pour une mobilité plus propre… La réussite requiert certes la mise en place d’outils incitatifs de réduction de consommation, en particulier avec l’appui de technologies numériques, comme la domotique, les compteurs intelligents, la programmation à distance de coupures… Il est donc nécessaire de coupler les mesures incitatives avec un cadre réglementaire structurante, sous peine de devoir revoir à la baisse les ambitions que la France s’est fixée.


Les principales raisons de la limitation du chauffage
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Sia Conseil


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